Pauline, dessinatrice technique : « Trouver des solutions, c’est passionnant »

Petite, Pauline (22 ans) construisait des édifices en blocs Kapla ; aujourd’hui, elle dessine les équipements essentiels de ces édifices. Elle a décroché son premier job avant même d’avoir tout à fait fini ses études. Et de l’avenir, il y en a aussi : car la construction regorge de défis techniques et environnementaux. « Ces enjeux me passionnent énormément ! »

Quel est ton métier ?

Je suis dessinatrice technique dans la construction, chez Eiffage-Collignon. C’est mon premier job ! Je réalise des dessins destinés à l’équipement des bâtiments, sur la base des plans d’architectes. Eux se concentrent sur la conception du bâtiment, moi je m’occupe des aspects techniques : gaines de ventilation, décharge d’eaux usées, emplacement des machines et de la tuyauterie… Ces dessins servent ensuite aux ouvriers qui installent l’équipement sur le terrain.

Quelle formation as-tu suivie ?

J’ai toujours été intéressée par la conception et l’architecture. Alors pendant mes deux dernières années de secondaire, j’ai choisi l’option dessin en construction à l’Institut Saint-Joseph, à Ciney. Ensuite, j’ai fait un bachelier en Dessin technique et construction à Saint-Luc, à Bruxelles.

Est-ce qu’il y avait d’autres filles dans ton orientation ?

Pendant ma première année à Saint-Luc, on était six filles. Les autres ont toutes changé d’orientation : la plupart se sont tournées vers l’architecture d’intérieur. Mais moi, c’était vraiment le côté technique qui m’intéressait.

« J’ai envie d’innover, de mettre en œuvre des nouvelles techniques »

Comment a réagi ton entourage à ton choix professionnel ?

Ils n’étaient pas vraiment étonnés, même si personne dans ma famille ne travaille dans la construction ou l’installation. Petite, j’aimais déjà dessiner et construire. Quand je me suis intéressée sérieusement à la construction, j’ai passé beaucoup de temps avec un ami de la famille, un maçon à la retraite. Il m’a expliqué énormément de choses, et notamment sur la relation entre l’architecte ou le dessinateur et l’ouvrier sur le chantier. C’est un vrai mentor pour moi.

Comment as-tu décroché ce premier job ?

À la fin de mes études, j’ai déposé mon CV dans une agence intérim. Mon frère et ma soeur avaient trouvé leur premier emploi de cette manière, alors pourquoi pas moi ? C’est comme ça que j’ai décroché un entretien chez Eiffage-Collignon, qui s’est très bien passé. Le soir même, ils m’ont rappelée pour me proposer un travail. J’ai démarré avec un contrat de deux jours par semaine, car j’avais encore quelques examens à passer. Depuis deux mois, je suis passée à temps plein.

Qu’est-ce qui te plaît dans ton travail ?

J’aime beaucoup l’idée que mon dessin va servir à une réalisation concrète. En tant que dessinatrice, je suis souvent en contact avec les ouvriers. Si quelque chose n’est pas clair sur mon plan ou que j’ai oublié un détail, ils le remarqueront. Ce contact avec le terrain est précieux pour moi : d’ailleurs, j’ai demandé à passer une semaine sur un chantier pour mieux comprendre ce que donnent mes plans une fois réalisés.

Un plan n’est jamais bon à 100 %, et encore moins du premier coup. C’est en le réalisant sur le terrain qu’on se rend compte des soucis. Il faut alors savoir rebondir, trouver des solutions. Et ça, c’est vraiment passionnant.

Enfin, il y a la diversité des projets. Eiffage-Collignon se concentre sur des projets dans le domaine public, alors nous travaillons sur des chantiers d’hôpitaux, d’écoles, de gares, de camps militaires… Petits ou grands, ils comportent toujours leur lot de défis.

Es-tu parfois confrontée à certains stéréotypes autour de ton job ?

Très sincèrement, je n’ai jamais eu droit à des remarques ou des stéréotypes sur le secteur de l'installation. Bien sûr, c’est un secteur encore plutôt masculin. Et les ouvriers sont étonnés de voir une femme débarquer sur leur chantier. Mais je pense que ma personnalité et mon énergie correspondent à ce secteur, et les autres le ressentent.

« J’aime l’idée que mon dessin va servir à une réalisation concrète. »

Et au niveau salarial, tu es satisfaite ?

Oui ! Là aussi, j’ai demandé conseil à mon entourage. Mes proches m’ont assuré que pour une débutante, ce n’était pas mal du tout. Et puis on verra pour la suite, c’est un aspect qui ne me tracasse pas trop pour l’instant.

Quelle place occupent la technologie et la durabilité dans ton métier ?

Une grande place ! Le secteur de la construction évolue constamment. Rien qu’au niveau durabilité, les enjeux sont énormes. La performance énergétique est devenue capitale. Par exemple, là où avant, on posait une couche isolante de 5 cm, aujourd’hui on en est plutôt à 12 à 15 cm. On fait tout pour éviter les ponts thermiques et pour optimiser la récupération et la circulation de l’air. Mais il faut trouver un juste milieu : la construction passive, par exemple, est loin d’être toujours la solution idéale.

Comme j’ai une fibre écologique assez poussée, ces enjeux me passionnent énormément. Autant je n’aime pas lire, autant je me documente beaucoup sur mon domaine, et notamment sur ces aspects de durabilité.

Envisages-tu une formation complémentaire dans le domaine ?

Il existe effectivement plein de formations en construction écologique. Mais avant tout, je vais prendre mes marques ici. Ensuite, c’est sûr que j’ai envie de travailler à trouver des solutions. À l’avenir, je veux aider à innover en matière de rénovation, à mettre en œuvre des nouvelles techniques. J’ai choisi le secteur de l'installation, mais j’ai envie de le faire d’une manière qui corresponde à mes convictions.

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