« Comment je vois ma future carrière ? Tant que j’apprends et que je ne m'ennuie pas, je reste. Heureusement, l'électricité est un métier dont on n'a jamais fait le tour. J'ai un collègue qui est électricien depuis 40 ans et qui continue d’apprendre. »
Quelle est ta formation ?
Dès mes 16 ans, j'ai suivi une formation à temps partiel de peintre-tapissier·e, au VTI à Ostende. A cette époque, j'avais déjà envie de travailler dans la construction. Ça m'intéressait, je voulais rejoindre les coffreurs et les maçons et apprendre à construire une maison. Finalement, je n'ai pas suivi cette orientation parce que l'école m'a fait comprendre que ce n'était pas un métier pour les femmes. D’ailleurs, il n'y avait aucune femme dans ces options. Ils m'ont alors suggéré une formation de peintre-tapissier·e parce que là au moins, il y avait une autre fille.
Tu penses qu'aujourd'hui, plus de filles choisissent un métier dans l'installation/ la construction ?
Quand je suis allée aux journées portes ouvertes du VTI avec mon fils, j'ai vu beaucoup plus de filles que quand j'y étais moi-même étudiante. On voit que les choses bougent.
Aujourd'hui, tu es électricienne. Comment es-tu passée de peintre et tapissière à électricienne ?
Quand j'ai obtenu mon diplôme à l'âge de 18 ans, j'ai effectué un stage chez un peintre, puis j'ai travaillé pour lui. Ensuite, j’ai décroché un job de technicienne en télécommunications. J'installais des modems et des câbles chez les gens pour les connecter à l'Internet. J'ai acquis pas mal de connaissances techniques dans cette fonction, mais au bout de sept ans, j'avais l'impression de ne plus rien apprendre et je ne voyais aucune opportunité d'évolution. Alors je me suis mise à chercher un nouveau job dans lequel je pourrais réfléchir un peu plus.
J'ai envoyé de nombreuses lettres de motivation. J'étais déterminée à n'accepter de travailler que pour une entreprise qui investirait dans ma formation. J'ai obtenu beaucoup de réponses et d’entretiens d'embauche. Finalement, j’ai choisi Elektro Schoonaert, une entreprise familiale où je me suis immédiatement sentie à l'aise. Ce que j'apprécie dans une petite entreprise, c'est qu'on connaît tout le monde et qu'on collabore énormément.
Dès le départ, ils m'ont mise au travail sur le terrain. Comme ils ont beaucoup investi en moi et m'ont suivie de près, j'ai énormément appris. Ça fait trois ans que je travaille chez eux en tant qu'électricienne.
Qu'aimes-tu dans ton travail d'électricienne ?
J'apprécie particulièrement la variété. En partant de zéro, j'ai appris à travailler tant sur des chantiers de gros-œuvre que d’installation et de finition. En plus, je change régulièrement de projet et d'équipe. Je suis particulièrement douée pour le travail de détail et les finitions. Je place principalement la partie visible des installations : des luminaires aux bandes LED et à la domotique.
Comment vois-tu le futur de ta carrière ?
Tant que j'apprends et que je ne m'ennuie pas, je reste. Et pour l'instant, c'est le cas (rit). L'électricité est un métier dont on n'a jamais fait le tour. J'ai un collègue qui est électricien depuis 40 ans et qui continue d'apprendre. Nous apprenons beaucoup les uns des autres aussi. J'aime qu'on me mette au défi dans mon travail, en me laissant essayer de nouvelles choses.
Tu as déjà travaillé sur des chantiers spéciaux ?
Je travaille principalement dans des maisons et des appartements, mais aussi sur des chantiers de gros-œuvre. Récemment, nous avons rénové un hôtel à la côte. J'y ai installé beaucoup de panneaux solaires, ce que je n'avais jamais fait auparavant. Je l'ai appris sous la supervision de mes collègues.
Que trouves-tu satisfaisant ?
De travailler sur un projet dès le départ et de voir le résultat de mon travail à la fin. Sachant qu’on est partis de rien, c’est vraiment satisfaisant.
Ma devise : « Vise la finition et la qualité que tu aimerais pour toi-même ». Et quand j’y arrive, je me dis : « Bien joué. »
J'aime ce mix de mesure, de calcul et de réflexion. C'est un travail tant manuel que cérébral, une combinaison idéale. Mais certains jours, je suis tout aussi contente de faire des tâches plus exécutantes, comme monter des prises.
L'efficacité énergétique, c'est un sujet qui t'occupe beaucoup ?
Oui, il faut bien suivre les changements. Récemment, un inspecteur d'une autre entreprise est venu nous expliquer de nouvelles règles. Nous allons appliquer ces connaissances dans nos nouveaux projets.
Es-tu parfois confrontée à certaines difficultés ? Aux stéréotypes de genre qu'on rencontre dans ces professions ?
Avant, j'avais l'impression que les gens me surveillaient de près et vérifiaient trois fois plus mon travail parce qu’il était fait par une femme. Aujourd'hui, les gens sont toujours surpris de voir une femme, mais je ne me sens plus sous-estimée. Quand on me demande quelque chose, je le fais et je constate que la confiance grandit, parce que les gens s'habituent peu à peu à voir des femmes dans le secteur. C'est une évolution positive.
Tu es satisfaite de ton salaire ?
J'en suis très satisfaite. J’en vis convenablement et je fais ce dont j’ai envie !
Tu as un bon équilibre travail-vie privée ?
Non (rit), mais c'est peut-être ma faute. Je consacre un jour supplémentaire à mes propres projets. Et à la fin de la journée, si j'ai presque terminé un travail, j'ai du mal à dire : « Allez, on termine ça demain. » Je préfère continuer jusqu'au bout. Bien souvent, je ne rentre que vers 18h30 ou 19h, mais c'est un choix. J'ai d'autres collègues qui commencent et s'arrêtent plus tôt et qui ont donc toute leur soirée de libre.
Un dernier conseil pour les jeunes qui veulent se lancer en tant qu'électricien·ne ?
Essaie toujours, même si tu n'es pas sûr·e que ça te conviendra. Un métier technique peut t'amener à un autre. Et ce n'est pas parce que ça ne colle pas dans une entreprise, que ce sera d'office le cas dans une autre. Tu dois trouver ta voie. Aller au travail avec plaisir, être à l'écoute du feedback et trouver ton style, c'est très important.