
Guillaume n’a que 16 ans, mais ce n’est pas la motivation qui lui manque : en plus de ses études d’électricien, il travaille déjà. Cette même motivation l’a aidé à remporter le concours Electrodéfi : l’installation électrique qu’il a réalisée sur la base d’un schéma a fait l’unanimité. Et ses parents ? Ils sont ravis de voir que leur fils, manuel depuis toujours, a trouvé sa voie. « Ils m’ont suivi à fond ! »
Tu as toujours su que tu voulais devenir électricien ?
En tout cas, j’ai toujours été quelqu’un de manuel, alors je ne me voyais pas faire autre chose qu’un métier manuel. J’ai choisi l’Institut technique de Namur parce que je pouvais y essayer différents métiers pendant mes deux premières années d’humanités. Et celui qui m’a le plus plu, c’est celui d’électricien.
Qu’est-ce qui te plaît dans l’électricité ?
Ça semble très abstrait au départ, mais le résultat est très concret. Ce qui est fascinant aussi, c’est la diversité des chantiers. J’adore bouger de chantier en chantier. Les déplacements ne me dérangent pas du tout.
J’ai déjà travaillé sur des chantiers de gros-œuvre comme sur d’autres où on vient faire les finitions. Il faut être particulièrement précis sur ceux-là, car on manipule du matériel coûteux – comme l’éclairage, par exemple.
Et puis il y a les journées dédiées au dépannage : ces jours-là, on obtient souvent une grande satisfaction en peu de temps. Travailler, c’est vraiment un kif pour moi !
Tu travailles donc déjà ?
Oui. L’école organise des stages, mais en plus, après l’école et les samedis, je travaille pour un patron avec un contrat d’étudiant. Il travaillait seul avant, alors ça le soulage beaucoup. Notre agenda est rempli pour les 9 mois à venir !
Après l’école, tu aimerais continuer à travailler pour un patron, ou tu préfères te mettre à ton compte ?
J’aimerais démarrer ma propre entreprise très vite, avoir mes propres chantiers. Mais mon patron actuel m’a déjà fait savoir qu’il comptait me sous-traiter du travail dès que j’aurai terminé ma formation.

Dans l’électricité, la technologie évolue particulièrement vite. Effrayant ou stimulant ?
En effet, on commence à aborder toutes ces nouvelles technologies en cours, comme les panneaux photovoltaïques, les bornes de recharge, etc. Tout ça est tellement précis et différent : ce sont quasiment des métiers à part entière. Mais la demande est énorme : rien qu’en Wallonie, on estime qu’il manque 4.000 bornes électriques. L’école nous invite souvent à participer à des formations supplémentaires sur ces sujets, organisées par des intervenants extérieurs.
Les choses évoluent très vite, oui, mais ça me plaît. De toute façon, il n’y a rien à faire : je pense qu’aujourd’hui, c’est dans tous les métiers qu’il y a tout le temps des nouveautés. Il ne faut pas avoir peur des avancées technologiques. Par contre, se former est indispensable. Mon patron aussi se forme en permanence. Seuls certains électriciens qui sont vraiment de l’ancienne génération restent parfois bloqués sur des méthodes anciennes. Mais la plupart suivent, et d’ailleurs, on voit souvent des électriciens plus âgés dans les formations.
Que pense ta famille de ton choix d’études ?
Mes parents m’ont suivi à fond. Comme j’ai toujours été manuel, mon choix ne les a pas du tout surpris.
Est-ce qu’il y a des filles dans ta classe ?
Non, et à vrai dire, il n’y en a que deux dans toute mon école : une en maçonnerie et une en menuiserie. J’espère qu’il y en aura plus bientôt, car elles apporteraient vraiment un nouveau souffle dans le métier. Elles peuvent être beaucoup plus méticuleuses, peut-être plus souples aussi pour certaines interventions…

Es-tu parfois confronté à des stéréotypes autour des métiers techniques ?
Oui, et certains ne sont pas faux : on se salit, on travaille parfois sous la pluie… Et alors ? C’est le cas de tous les métiers dans le bâtiment. Franchement, ce n’est pas si grave.
Par contre, le cliché du travail très lourd pour un salaire de misère est complètement dépassé. Bien sûr, je suis encore étudiant et je n’ai pas encore de vrai revenu, mais je sais que dans certaines régions, un électricien peut demander jusqu’à 80 euros de l’heure. Les électriciens gagnent vraiment bien leur vie.
Quant à la charge de travail, on la détermine en partie soi-même. En tant qu’employé, on a des horaires fixes et la moindre heure supplémentaire est payée. Et quand on est indépendant, il faut se fixer des horaires, sinon on n’a plus de vie. Tout est une question d’organisation. Moi, en tout cas, je compte travailler un maximum dans les années à venir. Je suis jeune et je n’ai pas encore de famille, alors je vais en profiter pour tout donner !
Un dernier mot pour motiver des jeunes qui hésiteraient à se lancer ?
Surtout, ne pas s’arrêter aux préjugés. On peut avoir des doutes, mais une fois lancé, on se dit : c’est trop bien !