Florian, électricien : « Dès mes premiers cours d’électricité, j’ai accroché. »

Florian (23 ans) avait 19 ans quand il a créé sa société d’électricité. Quatre ans plus tard, son entreprise est florissante et il en a même créé une deuxième, dédiée à l’installation de bornes de recharge. Et l’avenir ? Difficile de le prédire, car d’après Florian, « tout évolue très vite. »

Florian, comment t’est venue l’idée de devenir électricien ?

Je viens d’une famille d’indépendants. Ce sont eux qui m’ont transmis la valeur du travail. Mon modèle, c’était mon parrain, qui était chauffagiste. À 11 ou 12 ans déjà, je lui donnais des coups de main sur ses chantiers pendant les vacances.

Je voulais marcher dans ses traces et devenir chauffagiste. Mais il n’y avait pas d’option chauffage dans mon école. Alors j’ai opté pour l’électromécanique. Dès mes premiers cours d’électricité, j’ai accroché. Ensuite, j’ai choisi l’option électricien-automaticien. Et dès que j’ai quitté l’école, j’ai créé ma société. Aujourd’hui, j’en gère même deux : la première est une société d’électricité classique, l’autre est spécialisée dans l’installation de bornes de recharge.

Pourquoi avoir décidé de te lancer dans les bornes de recharge ?

Je suis toujours à l’affût des dernières tendances. C’est fou à quel point en quatre ans d’activité seulement, j’ai déjà pu voir tellement d’évolution. Aujourd’hui, la climatisation, les panneaux photovoltaïques, les pompes à chaleur et les bornes électriques de charge ont le vent en poupe. Ces bornes m’ont semblé un créneau à prendre et de fait, la demande a tellement explosé que ça valait la peine de créer une deuxième société rien que pour cette activité.

Alors tu dois régulièrement chercher des personnes pour rejoindre ton équipe ?

Oui, je cherche à recruter deux personnes à temps plein. Malheureusement, je n’en trouve pas pour l’instant. Même en offrant un salaire très correct. J’arrive à combler un peu ce manque en travaillant avec des jeunes qui sont encore à l’école. Mais sinon, je ne sais plus où me tourner.

« C’est un métier ultra-attractif pour les jeunes, qui sont très axés technologie. »

À quoi est dû ce manque de candidats, d’après toi ?

Je crois qu’il y a plusieurs raisons. Tout d’abord, il ne faut pas se mentir : certains jeunes préfèrent toucher 1.600 € de chômage que 2.100 € pour un travail d’électricien. Pour un salaire de débutant, ce n’est pourtant vraiment pas mal. Et celui-ci peut évoluer assez rapidement, sans parler des avantages.

Ce n’est pas non plus lié à l’équilibre travail-vie privée. Car chez moi en tout cas, les ouvriers peuvent choisir leurs conditions : certains font des heures supplémentaires, d’autres préfèrent ne pas en faire. Certains travaillent le weekend, d’autres non. Bref, ils peuvent choisir entre le revenu supplémentaire ou le temps libre !

Sans doute que le cœur du problème est qu’il y a encore trop de clichés autour de la construction et de l’installation. Aujourd’hui encore, certains parents trouvent que travailler dans ces secteurs est un choix honteux. Il est temps de changer les mentalités. Et d’arrêter de vouloir pousser les jeunes à choisir à tout prix certains métiers plutôt que d’autres. Le plus important, c’est d’être heureux dans ce qu’on fait.

« Aujourd’hui encore, certains parents trouvent que travailler dans ces secteurs est un choix honteux. Il est temps de changer les mentalités. »

Et toi, tu es heureux dans ton travail ?

Il me convient à merveille ! J’ai un trouble de l’attention - le TDAH, c’est-à-dire de l’hyperactivité - alors je ne tiens pas en place. Toute ma scolarité a été compliquée par mon TDAH, car il n’a été diagnostiqué que tardivement. Mes professeurs me prenaient pour un fou (rit) ! Dans mon métier d’électricien, je peux me défouler autant que je veux, tout en utilisant mon cerveau.

Pourquoi recommanderais-tu le métier d’électricien ?

C’est un métier ultra-attractif pour les jeunes, qui sont très axés “Technologies”. Or justement, l’électricité est devenue un métier très technologique. Il y a beaucoup de travail de réflexion. Mais il ne faut pas s’en effrayer : c’est une logique qu’on peut développer. Avec une bonne dose de passion, on peut tout apprendre.

Et puis c’est un métier très satisfaisant : quand on arrive le matin sur un chantier où il n’y a rien du tout et qu’en fin de journée, le client découvre tout l’éclairage en place, des cœurs dans les yeux, on ressent une immense fierté.

Y a-t-il des aspects que tu aimes moins ?

Oui, l’administration liée à mon entreprise. J’ai bien une secrétaire, mais il y a de nombreuses tâches que je n’arrive pas à déléguer. Parfois, il m’arrive de passer une bonne partie de la journée au bureau. Un véritable enfer pour moi ! (rit)

Mais je sais que c’est important. Un bon entrepreneur ne doit pas seulement exceller dans son métier, il doit aussi être un bon gestionnaire. J’ai déjà vu de très bons professionnels échouer parce qu’ils n’arrivaient pas à bien gérer leur boîte.

« Quand on arrive le matin sur un chantier où il n’y a rien du tout et qu’en fin de journée, le client découvre tout l’éclairage en place, des cœurs dans les yeux, on ressent une immense fierté. »

Est-que le métier d’électricien peut tout aussi bien convenir à une femme, d’après toi ?

Absolument, d’autant que c’est un des métiers moins physiques dans le secteur de l’installation.

Il y a quelques années, j’ai participé au concours WorldSkills. Comme j’avais décroché la médaille d’or en électricité, j’ai pu participer à la version internationale, une sorte de J.O. des métiers. Un des pays était représenté par une femme. C’est donc une femme qui a remporté le concours dans son pays, face à une grande majorité d’hommes. Et je peux vous dire qu’elle assurait !

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